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20 octobre 2007 6 20 /10 /octobre /2007 20:41
Général (2S) Jean-Claude LAFOURCADE

Ancien commandant de l’opération Turquoise au Rwanda

lafourcade.jpg
Mon témoignage et mon analyse porteront  sur mes responsabilités de commandant d’opération au Rwanda de juin à août 1994.
Je rappelle que Turquoise est une intervention décidée par l’ONU, à la demande de la France, avec le mandat d’arrêter les massacres et de protéger les populations. Cette opération dont le bilan a été unanimement salué à l’époque, fait l’objet aujourd’hui d’accusations aussi graves qu’infondées.

1 – LE CONTEXTE DE L’INTERVENTION :
Première observation

Conformément aux accords d’Arusha, l’armée française avait quitté le Rwanda en 1993 et une force de l’ONU de 2500 hommes (MINUAR) avait été mise en place pour faciliter et contrôler la mise en oeuvre de ces accords.  Il n’y avait donc plus de militaires français au Rwanda au moment du drame (excepté les éléments de sécurité et de transmissions implantés à l’intérieur de l’ambassade).
Au plus fort des massacres, en avril 1994, le Conseil de sécurité a décidé le retrait des trois quarts de cette force. Il ne restait au Rwanda qu’environs 300 hommes de la MINUAR aux ordres du Général Dallaire. Je remarque au passage que ces militaires sont restés passifs devant des massacres qui se déroulaient sous leurs yeux.

Deuxième observation

La décision d’intervention a été prise en période de cohabitation Mitterand-Balladur.
Une fois la décision prise et la résolution de l’ONU votée le 19 juin, il y a eu une grande cohérence au plus haut niveau de l’Etat dans le contrôle de l’opération que je commandais et dont la réussite a été saluée par tous. L’opération Turquoise n’était donc pas un enjeu de politique intérieure et elle était défendue et l’est toujours, par les principales formations politiques.

Troisième observation

Le mandat de l’ONU fixait des conditions contraignantes pour l’exécution de la mission sur le terrain.
La résolution 929 prescrivait d’arrêter les massacres et de protéger les populations. D’une durée limitée à  deux mois, le temps qu’une nouvelle force de l’ONU soit mise en place, cette mission devait être exécutée en toute impartialité, c'est-à-dire sans prendre part au conflit entre les Hutus des Forces Armées Rwandaises (FAR) et les Tutsis du Front Patriotique Rwandais ( FPR). Cela signifiait d’une part, qu’il ne fallait pas apporter de soutien aux FAR que nous avions formé et soutenu pendant la période de coopération militaire et qui nous voyaient arriver comme des sauveurs, d’autre part que nous ne devions pas affronter le FPR qui avait fait des déclarations belliqueuses à notre encontre.
Ce contexte impliquait de disposer d’une force robuste pour éviter d’être mis en difficulté comme l’avait été l’armée américaine en Somalie. Il impliquait également un grand discernement, une certaine prudence et la maîtrise  dans l’engagement de la force.

Retrouvez la suite de cette intervention en vous procurant les actes du colloque par mail.

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