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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 22:23

DÉMOCRATIES

22 avenue Eugénie – 92700 COLOMBES tel/fax : 01 41 30 70 42 Courriel : democraties@wanadoo.fr

 

Le Président

Colombes, 2 janvier 2015

Cher(e) Ami(e),

 

J’ai le plaisir de vous inviter à un dîner-débat sur :

 

 

Gaz de schiste,

 

Prométhée ou Satan  ?

 

par Olivier APPERT

 

délégué de l’Académie des Technologies,

 

lemardi 3 février 2015 à 19h30

 

au Cercle des Universitaires

12 rue Clément - 75006 Paris (métro Mabillon)

(code porte ascenseur et intérieur ascenseur : 1234, puis 4è étage)

 

 

Membre du Corps des ingénieurs des mines, Olivier Appert a occupé des fonctions de direction dans des administrations et des entreprises. Sans langue de bois, il nous exposera les tenants et les aboutissants de ce dossier très sensible qui demande à être « déminé » et à apporter des propositions constructives.

 

Je vous remercie de me renvoyer rapidementle coupon ci-dessous accompagné d’un chèque de :

  • 35 Euro pour les adhérents à DÉMOCRATIES, à jour de leur cotisation 2014

  • 40 Euro par personne pour les non adhérents.

Bien amicalement,

Henri PARIS

 

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NOM : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

 

Tel1 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - et/ou courriel :

 

s’inscrit au diner-débat du 3 février avec Olivier Appert

 

Ci-joint un chèque de __ __ __ __ Euros à l’ordre de DÉMOCRATIES

1 Ces coordonnées nous sont indispensable pour vous prévenir en cas de nécessité. Mais nous nous engageons formellement à ne les divulguer à personne sans votre autorisation expresse.

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23 novembre 2014 7 23 /11 /novembre /2014 22:20

 

L’évolution des temps, dans les armées, conduit à l’affaiblissement, voire à l’affadissement, du recours individuel par la voie hiérarchique. En effet, les motifs de ces recours tendent à augmenter avec la complexification de la modernité, tandis que l’étendue croissante d’un marécage administratif estompe radicalement l’accès immédiat aux autorités compétentes. Par ailleurs, il arrive que le sujet du recours ne puisse matériellement être traité par l’autorité hiérarchique en question, faute de connaissance de l’environnement adéquat.

En outre, le militaire devenu professionnel est amené, dans l’exercice de son métier à côtoyer des personnels civils qui eux, ont l possibilité de se syndiquer. Le cas est patent dans le corps de santé militaire.

C’est pourquoi il apparaît opportun de donner aux militaires de tous grades la possibilité de pouvoir adhérer individuellement à une association professionnelle vouée exclusivement à leur défense. Une telle adhésion est jusqu’à présent absolument prohibée, au nom d’un concept de discipline vraisemblablement dépassé.

Il est vrai que les armées ont une spécificité propre inhérente à leur vocation au service de l’Etat. Cette spécificité doit absolument être conservée. Elle est unique et se traduit par la maîtrise et l’emploi d’une arme létale dans un but non seulement défensif, mais aussi offensif. En outre, au delà même de l’appréhension que le mot même apporte, un syndicalisme militaire ne doit pas devenir un contre-pouvoir au commandement ni le gêner, bien au contraire ? Ses statuts doivent absolument comporter une telle réserve qui ne se résume pas à l’interdiction du droit de grève et la conservation d’une totale disponibilité.

Une association proprement militaire est dangereuse parce que sujette à une éventuelle dérive corporatiste ou à s’ériger en entité contestant une décision de commandement à caractère opérationnel. Par ailleurs, le militaire n’airait que le choix d’adhérer à une unique association, ce qui constitue une atteinte à la liberté ou aux libertés.

Cela amène à proposer de permettre aux militaires de tous grades d’adhérer aux syndicats s’étant engagés par leur signature à respecter la Charte d’Amiens de 1903, avec ses amendements. Ces syndicats, ayant généralement la forme d’une fédération ou d’une confédération, ouvriraient un département ou une section proprement militaire.

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23 novembre 2014 7 23 /11 /novembre /2014 22:18

 

Je viens de prendre connaissance de la lettre ouverte du 4 juillet 2014 du secrétaire général de la FNTE-CGT, adressée au Président de la République, chef des armées.

Cette lettre, en son temps, a totalement échappé à mon attention.

Elle est d'une insigne maladresse, rédigée en des termes inutilement blessants et contrevient à sa finalité.

C'est pourquoi je la condamne absolument sur la forme. Pourtant, le secrétaire général de la FNTE, Yannick Malenfant, que je connais bien, est un ancien auditeur de l'IHEDN. Il aurait pu me demander mon avis, ce qui a déjà été fait dans des affaires précédentes. En ce cas, il porte l'entière responsabilité de cette maladresse frisant la stupidité.

Sur le fond, ce que n'aborde que très médiocrement Yannick Malenfant, cela ne change pas mon opinion. J'estime inéluctable la formation d'une association professionnelle des militaires en activité de service et en retraite, prenant en compte la spécificité militaire.

Par ailleurs, je pense nécessaire que cette association prenne la forme d'un département ouvert dans le cadre des syndicats ayant adhéré à la Charte d'Amiens.

 

Général (2S) Henri Paris

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22 novembre 2014 6 22 /11 /novembre /2014 15:13

DÉMOCRATIES

22 avenue Eugénie – 92700 COLOMBES tel/fax : 01 41 30 70 42 Courriel : democraties@wanadoo.fr

 

Le Président

Colombes, 8 septembre 2014

Cher(e) Ami(e),

 

J’ai le plaisir de vous inviter à un dîner-débat sur :

 

 

La Russie est de retour


sur la scène internationale,


pour le bien ou pour le mal ?

 

par Andreï GRATCHEV

 

Historien et journaliste, ancien conseiller de Mikhaïl Gorbatchev,

 

lemardi 25 novembre 2014 à 19h30

 

au Cercle des Universitaires

12 rue Clément - 75006 Paris (métro Mabillon)

(code porte ascenseur et intérieur ascenseur : 1234, puis 4è étage)

 

 

Excellent observateur de la Russie, alors que beaucoup de questions se posent à son sujet sur la scène internationale, il nous a paru qu’Andreï Gratchev était le mieux à même de répondre à toutes les questions qui se posent. Il est l’auteur d’un récent ouvrage paru chez Alam édition « Le passé de la Russie est imprévisible - Journal de bord d’un enfant du dégel »

 

Je vous remercie de me renvoyer rapidement le coupon ci-dessous accompagné d’un chèque de :

  • 35 €uro pour les adhérents à DÉMOCRATIES, à jour de leur cotisation 2014

  • 40 €uro par personne pour les non adhérents.

Bien amicalement,

Henri PARIS

 

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NOM : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

 

Tel1 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - et/ou courriel :

 

s’inscrit au diner-débat du 25 novembre avec Andreï Gratchev

 

Ci-joint un chèque de __ __ __ __ €uros à l’ordre de DÉMOCRATIES

 

1 Ces coordonnées nous sont indispensable pour vous prévenir en cas de nécessité. Mais nous nous engageons formellement à ne les divulguer à personne sans votre autorisation expresse.

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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 14:10

 

En partenariat avec les Ateliers de Mai

Colloque au Palais du Luxembourg – Salle Clemenceau

15terrue de Vaugirard – 75 006 Paris

 

samedi 18 janvier 2014

 

 

9h : Accueil.

9h15 précises : Ouverture du colloque par Edwige AVICE, ancien ministre, présidente des Ateliers de Mai.

9h45 - 12h45 : Etat des lieux ; visions des pays de la région du Proche et du Moyen-Orient. Présidente de séance : Nelly JAZRA, docteur en sciences économiques, expert européenne.

-Panorama de la région, François NICOULLAUD, analyste de politique internationale.

- Des printemps arabes aux tempêtes du désert : la Syrie dans l’œil du cycloneAntoine SFEIR, directeur des Cahiers de l’Orient

- Sunnites et Chiites en Syrie Pierre LORY, directeur des études à l’Ecole pratique des Hautes études.

- Des chrétiens syriens depuis 2000 ans, Christian LOCHON, chargé de cours à Paris II, ancien directeur du CHEAM, membre de l’Académie des sciences de l’Outre-mer.

- Des « révolutions arabes » à la guerre civilo-régionale syrienne, Richard LABEVIERE, rédacteur en chef du magazine en ligne espritcors@ire – Observatoire de la défense et de la sécurité.



12h45 - 14h30 : déjeuner au Restaurant du Sénat (sur inscription)



14h30 - 16h45 : En prospective, l’action de l’entourage proche ou lointain : sortie politique ou épuisement de l’un des camps ? Président de séance : Rémi AUFRERE,membre de la délégation française à l’ONU (1998) ; conseiller technique à l’Organisation du travail, administrateur de DÉMOCRATIES

- Les approches antagonistes des membres permanents du Conseil de sécurité, Loïc HENNEKINNE, ambassadeur de France.

- Syrie, le dessous des cartes, Majed MEHMÉ, Directeur de la rédaction de la revue « Afrique - Asie ».

- La Syrie, victime de la rivalité Iran-Arabie Saoudite, Bernard HOURCADE, directeur de recherche émérite au CNRS (monde iranien).

- Les relations politiques, économiques et militaires entre l’Iran et la Syrie, David ABBASI, écrivain, historien, président de l’Institut Awesta, administrateur de DÉMOCRATIES.

- Intitulé de l’intervention non encore parvenu, Mohammad BALLOUT,correspondant d’As Safir.



16h45 : Conclusion par le général (2S) Henri PARIS, président de DEMOCRATIES.

 


 

REPONSE à envoyer à DÉMOCRATIESaprès avoir coché les correspondantes

22 Avenue Eugénie - 92 700 Colombes

 

NOM Prénom : ................................................................................

 

Adresse : ................................................................................

 

Code : ... .. ... … … Ville : . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .

 

Tel : ... ... ... ... ... ... ... .. .. .. ... Courriel :                         @

 

0 Participera au colloque La Syrie, miroir du Proche et du Moyen-Orient du 18 janvier 2014 (participation gratuite)

0 est adhérent à

0 DÉMOCRATIES

0 Les Ateliers de Mai

 

0 Souhaite recevoir les actes du colloque : - 15 € pour les non-cotisants

- 10 € pour les membres d’un des deux clubs

0 S'inscrit pour le déjeuner :

- 42 € par personne, pour les adhérents à jour de cotisation

- 46 € par personne, pour les non-adhérents

 

0 Ci-joint un chèque de ............. €uros à l'ordre de DÉMOCRATIES

pour : 0le déjeuner, 0 les actes,

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 14:08

 

Avec la fin de la guerre froide, intervient le slogan bien connu de l’obtention des dividendes de la paix. Par ailleurs, ce n’est pas en vain que nombre d’analystes répètent à l’envie l’exclamation d’un homme d’Etat, Alexandre Arbatov, peu de temps auparavant encore soviétique, faisant remarquer aux Occidentaux que la disparition de l’Union soviétique leur octroyait un cadeau empoisonné en les privant d’ennemi.

Ce n’est pas pour autant qu’allait s’instaurer une ère de paix dans le monde. La perspective de l’affrontement apocalyptique disparaissant, laissait éclore ou réveiller toute une série de conflits de basse intensité que précédemment avait mis sous le boisseau le duel entre le camp occidental et celui du Pacte de Varsovie.

Les opinions publiques occidentales effarées, prirent conscience que l’on pouvait aussi bien massacrer à la machette qu’à la mitrailleuse à haute cadence de tir. Bien mieux même ! Le génocide du Rwanda dans les années 1990 causa près d’un million de victimes, tandis que les bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, se soldèrent dans l’immédiat par un peu plus de 200.000 victimes et autant à terme, dues aux séquelles radioactives. En outre, les populations des Etats nantis éprouvèrent les affres du nouveau style des conflits. Ceux-ci se transportèrent aussi sur le sol même des Etats occidentaux sous forme d’attentats terroristes : le plus connu est celui frappant le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington, le 11 septembre 2001, occasionnant plus de 3000 victimes. Cela conduisit les Américains à s’estimer être en guerre contre le terrorisme et à le proclamer, entraînant derrière eux leurs alliés occidentaux.

 

La modification du cadre géopolitique appela immédiatement de nouveaux rapports de forces qui inévitablement se répercutèrent dans l’arène internationale.

Les bouleversements intervinrent très rapidement. L’Histoire n’attend jamais ! Les Américains, se sentant les coudées franches, se lancèrent dans la première guerre d’Irak en 1991, en concomitance avec la chute de l’URSS. Dès 1991, la désagrégation de la Yougoslavie donna le signal d’une sanguinaire guerre interethnique qui n’épargna aucune des anciennes républiques fédératives yougoslaves et dans lesquelles furent impliqués les Occidentaux, tant au nom de l’ONU que de l’OTAN, ainsi que les Russes.

Ces conflits furent taxés d’être d’un nouveau type : les analystes les décorèrent du terme assez expressif d’asymétrie plutôt que de dissymétrie. L’emploi de ce terme choisi, par opposition à un conflit symétrique, soulignait qu’il y avait une différence fondamentale par rapport à un conflit opposant deux Etats mettant en ligne des forces armées régulières dotées d’un armement semblable et employant donc une stratégie et une tactique comparables, bien que dissemblable ou dissymétriques.

Mais qu’en est-il vraiment ? Y a-t-il divorce entre les deux compréhensions ? La guerre symétrique a-t-elle totalement disparu au profit des conflits asymétriques ? ou dissymétriques ? Au delà des terminologies, qu’en est-il des différences de stratégie et de tactique ? Un Etat est-il dans la réalité et surtout dans la véracité en vouant ses forces armées à telle ou telle stratégie, à l’exclusion des autres ?

 

C’est pourquoi, à cet effet, il est intéressant de dégager un point de la situation géostratégique et géopolitique qui prévaut depuis la chute de l’URSS. Par la suite, l’examen porte sur les caractéristiques et les finalités de la guérilla et de la guerre insurrectionnelle, termes au choix du lecteur, puis sur les incertitudes politique, stratégique et tactique qui en découlent.

 

La prédominance de la guérilla et des guerres insurrectionnelles

 

Prévalent un type de conflit de basse intensité que les opinions politiques considèrent comme nouvelles. Ce nouveau genre de conflit mêle guérilla menée par des forces irrégulières et terroristes et ignorent de ce fait la définition cloisonnée d’un théâtre d’opération.

C’est ainsi que les décennies qui suivirent la chute du pacte de Varsovie furent toutes marquées par ce type d’affrontements armés. Aucune partie de la planète ne fut épargnée. Si ces conflits se distinguent tous par leur facteur commun qu’est leur basse intensité, en regard des deux conflits mondiaux du XXème siècle, ils revêtent toutes les formes possibles quant à l’étendue géographique, la durée et la motivation des belligérants. La guerre d’Afghanistan, celle des Américains, a débuté en 2001 et est censée se terminer en 2014 avec le retrait définitif des troupes américaines. Il faut y ajouter dix ans d’une guerre soviétique de 1979 à 1989 et sept ans de guerre civile, jusqu’en 1996. Le régime paisible ( !) des Talibans s’est prolongé jusqu’à l’intervention américaine d’octobre 2001. La guerre du Rwanda, dans sa partie interethnique, Tutsis contre Hutus, n’a pas duré plus d’un an, en 1994, sans mettre en jeu d’une manière directe les Occidentaux. L’opération engagée en Libye contre les forces de Kadhafi par les Occidentaux ne s’étend pas, géographiquement, au-delà de la bande côtière méditerranéenne, sans déploiement de troupes au sol et, temporellement, ne dépasse pas quelque six mois.

Au plan interne, les Etats occidentaux sont contraints de prendre des mesures de sécurité en dehors de l’ordinaire. Aux Etats-Unis, un département spécial, le homeland security, avec un budget spécial est créé. A Paris, les patrouilles de trois soldats, déambulant dans les lieux fréquentés par le public, deviennent coutumières. En Russie, de vieilles guerres ancestrales se réveillent en Tchétchénie et débordent jusqu’à des attentats aveugles dans le métro de Moscou. Ils se prolongent sous un aspect larvé aussi bien au Daguestan qu’en tout autre lieu de la fédération russe.

En 2008, les Russes mènent une campagne éclair contre les Géorgiens.

La planète, en son ensemble, est dans un état de guerre permanent, accumulant des centaines de milliers de victimes et de réfugiés. Ceux-ci déstabilisent les pays qu’ils prennent comme terre d’asile. Ils viennent s’additionner à ceux qui sont chassés de leurs terres natales par les désastres économiques.

 

Il découle de source que les stratégies et les tactiques du camp occidental devraient se modifier face à la nouvelle configuration géostratégique. Non sans mal d’ailleurs et non sans tâtonnements ! Le 1er mai 2003, Georges Bush, président des Etats-Unis, appontant sur le porte-avions « Abraham Lincoln » pour se faire acclamer par l’équipage, lorsqu’il claironna Mission acomplished ! Amère victoire ! En effet, l’armée irakienne de Saddam Hussein avait bien été anéantie et le pays entièrement occupé à l’issue d’une campagne de moins d’un mois. Cependant, après six ans d’occupation ponctuée d’une insécurité permanente, l’armée américaine n’avait plus qu’à évacuer le pays, le laissant en proie à une guerre civile ouverte entre ethnies, entremêlées de terrorisme. George Bush en était encore au système de la guerre froide, héritée des deux conflits mondiaux du XXème siècle ! Bien d’autres avaient, cependant, franchi le pas.

Pour prendre 2013 comme référence, le constat porte sur deux conflits. L’un en Syrie est une guerre civile. L’autre au Mali est une opération extérieure (opex) Serval, menée essentiellement par les Français, sur mandat onusien. Du côté français, quelque 3000 militaires sont engagés à partir du 11 janvier 2013, dans le but de rétablir la souveraineté du Mali menacée par une invasion des djihadistes et des Touaregs sécessionnistes qui ont pris l’offensive à partir du nord. Ces derniers ont pris les armes au nom d’un Etat indépendant targui, l’Azawad. La légalité démocratique est rapidement rétablie dans un Mali unitaire. En atteste des élections présidentielles, réalisées rondement le 4 septembre 2013, tandis que des élections législatives sont prévues les 25 novembre et 13 décembre 2013. C’est à ce stade que surgit une similitude avec la campagne d’Irak que les Américains croyaient terminée le 1er mai 2003. En effet, le 20 octobre 2013, le commandement de Serval lance une vaste opération, Hydre, dans la boucle du Niger, précédemment reconquise. Le pays est en proie à l’insécurité que ne parviennent pas à réprimer les contingents subsahariens à disposition de l’ONU pas plus que les troupes françaises, dont le départ a pourtant été proclamé.

 

Un constat incontestable s’impose. Depuis la chute de l’URSS, le monde n’a pas connu la paix et les dividendes de cette paix ne pouvaient donc être perçus. En corollaire, les conflits qui se sont multipliés ont tous, sans exception aucune, été de basse intensité, y compris celui de Géorgie. La première guerre du Golfe, celle de 1991, a connu une mobilisation sans précédent face à une menace irakienne démesurément grossie pour les besoins de la propagande américaine, tout autant que pour celle de la deuxième, celle de 2003 qui ne fut qu’une promenade militaire. De même en Afghanistan en 2001, le régime taliban s’effondra comme un château de cartes sous les coups des bombardements américains et de l’action de l’Alliance du Nord épaulée par les forces spéciales américaines. Le schéma est perpétuellement identique, aussi bien en Irak qu’en Afghanistan et au Mali. Un président de la République est élu selon les normes démocratiques occidentales, mais est mis immédiatement en question par la rébellion.

Tous les conflits enregistrés depuis 1991 sont bien de basse intensité et l’immense majorité relève de la guérilla ou d’une guerre insurrectionnelle ponctuée d’action terroriste. Les Djihadistes kamikazes se font exploser, soit pour anéantir des groupements humains précisément ciblés, soit pour entretenir une insécurité latente.

Le système est rodé. Une action de la rébellion sur tous les théâtres d’opérations, entraîne une réaction qui à son tour, appelle une nouvelle mesure terroriste en représailles. Ainsi, s’engage la spirale sans fin de la violence, souvent aveugle, qui préside à ces guerres insurrectionnelles.

C’est par un abus de langage que l’on baptise du nom de guerre ces conflits de guérilla ou d’insurrection. Les pertes dans les rangs des armées régulières sont faibles. En revanche, leur déploiement est coûteux. Ces pertes, quelque faibles qu’elles soient, sont insupportables pour les opinions publiques. En effet, elles perçoivent bien qu’il ne s’agit pas d’une guerre et ne distinguent pas exactement l’enjeu que défend leur pays. De toutes les manières, elles ne jugent pas vital cet enjeu et n’acceptent donc pas les pertes. Même si avec la professionnalisation, il est acquis que c’est dans l’ordre des choses qu’un soldat de métier se fasse tuer !

L’absence de guerre ouverte amène certains responsables à nier la nécessité d’entretenir des forces armées régulières du type de celles qui prédominent pour le combat de haute intensité, puisque ce type de combat n’existe plus depuis 1991 ! A quoi bon un char Leclerc avec son armement principal qui est un canon de 120 mm, alors qu’il n’est pas employé au Mali ? Pas même présent, sur le théâtre d’opérations ! A quoi bon même, l’arme nucléaire ? Son utilisation par des terroristes djihadistes est une vue de l’esprit !

 

Caractéristiques et finalités de la guérilla

 

Le terme de guérilla vient de l’espagnol pour exprimer la « petite guerre » que menèrent les guérilleros contre les troupes françaises de 1807 à 1814.

Le terme, pas plus que l’action qu’il exprime n’est donc nouveau.

Il est pertinent de s’interroger sur la valeur de la petite guerre, ainsi qu’on l’appelait avant la guerre d’Espagne. A ce sujet, une controverse opposait déjà en 1759 le marquis de Vaudreuil, gouverneur du Canada, au marquis de Montcalm, commandant les forces françaises. Les Français soutenaient une campagne du faible au fort. Vaudreuil avançait, à l’encontre de Montcalm, l’intérêt qu’il y avait à mener contre les Britanniques une petite guerre basée sur l’alliance avec les tribus indiennes et la mobilisation des trappeurs. En s’appuyant sur des môles fortifiés, Vaudreuil préconisait d’épuiser les Britanniques de Wolf. Il s’agissait de harceler sans cesse les réguliers britanniques tant en s’en prenant à leurs lignes de communication qu’à leur troupes immobilisées par de longs sièges des môles de résistance. Montcalm était partisan de la bataille rangée comme en Europe et eut gain de cause. La bataille finale eut lieu devant Québec et fut une défaite française qui fit perdre le Canada, « quelques arpents de neige », souligna Voltaire !

La petite guerre est un conflit du faible au fort. Il s’agit d’user le fort, de lui faire perdre le soutien de son Etat, par constat du manque de résultats. L’opinion publique fait pression sur les dirigeants politiques pour leur faire perdre le sens de l’intérêt de la lutte en regard de l’épuisement des troupes régulières. Eventuellement, les opinions publiques sont traumatisées par les excès que commettent les troupes régulières en représailles des atrocités perpétrées sciemment par les irréguliers afin d’engager la spirale bien connue de l’action et de la réaction.

Les théoriciens de la guerre de contre-insurrection n’ont pas manqué. Tous soulignent, en facteur commun, l’absolue nécessité de ne pas tomber dans le piège de la rébellion en s’engageant dans la spirale de la violence, de même que l’importance primordiale du renseignement. La finalité recherchée est d’épuiser l’insurrection : en somme être et durer plus longtemps que la rébellion.

Prévaut l’action civilo-militaire, la déviance, presque inéluctable, est alors de faire diriger le conflit par des dirigeants civils, y compris dans l’organisation de l’administration des forces. Or, c’est l’inverse qui doit être la règle. C’est au militaire de s’adapter à l’action politique qui se combine avec la lutte armée. Le pouvoir civil ne peut se substituer au commandement militaire, parce qu’il n’en a pas les compétences. S’il veut les avoir, il devient alors militaire et n’a plus qu’à endosser un uniforme.

 

Les incertitudes politiques et stratégiques

 

Dès lors s’ouvre une question essentielle : l’ère de la guerre du type de celle des conflits mondiaux du XXème siècle ou du duel entre les camps occidentaux et le pacte de Varsovie, la grande guerre, par opposition à la petite guerre, est-elle définitivement révolue ? La petite guerre et le terrorisme sont-ils devenus le seul type de conflit que connaît et connaitra l’humanité ?

En ce cas, effectivement, il est tout à fait pertinent de réduire le format des armées à celle de forces spéciales dotées d’un armement adapté, c’est-à-dire léger et d’équipements offrant une extrême mobilité. Il est tout à fait inutile d’entretenir des armées trop nombreuses, à preuve, les effectifs engagés dans les conflits afghans et maliens par les Américains et les Français. L’aviation de même serait fortement réduite dans sa version de l’appareil de combat au profit du transport et de l’hélicoptère d’appui au sol. Et il en serait de même de la marine. D’une manière générale, l’armée française serait ramenée à la dimension d’un puissant corps expéditionnaire apte à se déplacer rapidement outre-mer.

La défense du territoire serait confiée à une gendarmerie et à une police possédant des unités nombreuses chargées du maintien de l’ordre et armées et équipées en relation avec leur mission.

Tout au plus, pourrait-on conserver l’appareil de dissuasion nucléaire et d’une défense antimissile aussi longtemps que subsisterait à l’échelon de la planète une menace nucléaire.

Un tel schéma est parfaitement acceptable si l’analyste stratégique prospective conduisait à une telle option : la seule menace à prévoir est celle de la petite guerre et du terrorisme. En toute logique, il y aurait lieu d’adapter les forces armées françaises à l’option choisie.

Cependant intervient une interrogation basée sur des attendus incontestables. L’adoption du schéma adapté exclusivement à la perception dune petite guerre de type insurrectionnel comprend une très large part d’irréversibilité. En effet, il faut au moins une quinzaine d’années de délais pour faire passer un système d’armes du stade de sa première conceptualisation au début de son industrialisation. Il en découle que la réalisation d’un format d’armée ne s’improvise pas. Et encore, faut-il que le pays dispose d’une base industrielle et technologique qui, elle aussi, ne s’improvise pas.

Il faut nous délivrer du mythe de la levée en masse de 1792 ! L’armée française de l’époque bénéficiait de l’héritage de l’armée royale. Ce mythe a emporté les républicains de 1870 et n’a fait que consommer le désastre déjà largement engagé.

Le risque d ‘un conflit de type mondial n’a absolument pas disparu et ne peut être écarté d’un revers de main.

Il est d’une rationalité élémentaire que de préparer une nation et donc son armée à l’hypothèse majeure.

Si encore, la prospective en matière d’armement repose sur des attendus connus et incontestables, cela devient faux en matière de menaces issues de la conjoncture internationale. On est là en pleine incertitude. Nul n’avait prévu trois ans à l’avance la chute de l’URSS, quoiqu’en prétendent certains analystes bien incapables de produire de moindre document écrit à l’appui de leurs dires. Nul n’avait prévu le 2 août 1914 que le conflit allait durer plus de quatre années.

Dès lors, comment concilier la réponse à la grande et à la petite guerre ? Comment résoudre l’incertitude face à une menace possible mais qui ne se concrétise pas sur le champ ? Et si on devait la négliger, cette possibilité de grande guerre, lorsqu’elle apparaît dans sa brutale réalité, alors, il est trop tard pour parer la menace.

Jamais on n’a observé autant la montée en puissance militaire d’un certain nombre de pays émergents et qui augmentent de façon significative leurs budgets militaires. Dans quel but ? Certes, se prémunir contre des voisins immédiats, mais comment empêcher l’extension d’un conflit de haute intensité ? Comment réduire à un fait de simple terrorisme l’assassinat d’un archiduc d’Autriche ?

La réponse est dans un format et une structure de forces polyvalentes. Il y a lieu d’équilibrer les forces armées en les rendant aptes à répondre à toutes les menaces. Les forces doivent  être équipées des types de matériels répondant aussi bien à la grande qu’à la petite guerre. A titre d’exemple, l’équipage d’un blindé lourd de 50 tonnes du type Leclerc doit aussi être apte au combat à pied ou en véhicule légèrement blindé, spécialisé dans la contre-insurrection.

Il n’y a aucune autre réponse pour lever l’incertitude.

*

* *

 

Ce n’est pas tout que de disposer d’une infrastructure militaire polyvalente, tant au niveau du matériel que de l’équipement et de l’armement. Reste la composante majeure qu’est l’homme. Le soldat doit être appelé à combattre aussi bien dans un conflit à basse qu’à haute intensité. Il doit savoir maîtriser l’action civilo-militaire aussi bien que la manœuvre de grande ampleur d’une unité blindée dans un combat de haute intensité sous ambiance nucléaire.

Cela vaut pour tous les éléments de la hiérarchie, depuis le combattant du rang jusqu’au généralissime.

Il est certain que l’on demande plus à un combattant du XXIème siècle qu’à son ancêtre des guerres de la Révolution et de l’Empire. C’est une affaire d’éducation, de formation et d’instruction.

Il y va du choix de la France qui se veut préserver son indépendance et être une nation de premier rang

 

 

Article paru dans la revue "Défense Nationale"

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 14:04

Le Printemps arabe est un événement totalement inattendu pour les analystes occidentaux, à quelque école qu’ils appartiennent. Aussi bien à de prestigieuses institutions de réflexion politique qu’à des départements étatiques spécialisés dans le renseignement stratégique et tactique qui ont étalé leur lacune quant à la prémonition d’une brutale floraison politique ! Cela invite les experts à de la modestie et à se plonger dans l’étude.

Comment un fait divers, survenu dans une bourgade tunisienne, en décembre 2010 a-t-il conduit par causalités enchaînées à faire trembler sur ses bases le monde arabo-musulman et à faire chuter la majorité de ses dirigeants ?

Le Printemps arabe touche la Syrie, très classiquement, le 15 mars 2011, par une manifestation de masse, en tout point identique à celles qui secouaient l’Algérie, la Libye, l’Egypte… Différence magistrale : à l’automne de 2012, péripétie tout autant imprévue que ses prémices, la Syrie est en proie, non plus à des manifestations ou des troubles comme se complaisent à vouloir en faire état les gouvernants et les médias occidentaux, mais à une véritable guerre civile. On se bat d’immeubles à immeubles dans les rues d’Alep. A la fin de septembre 2012, on en serait à 30.000 victimes. La seule journée du 28 septembre 201 se serait soldée pour le camp insurrectionnel par 300 tués recensés.

Alors, qui se bat contre qui ? Pour quel enjeu ? La démocratie ? Elle a parfois bon dos ! Est-ce le seul enjeu ? Qui soutient qui ? Et dans quelle finalité ? Les islamistes ne sont pas plus absents dans l’affrontement syrien qu’ils ne l’ont été lors des bouleversements tunisiens, égyptiens et autres… Mais quel rôle jouent-ils, consciemment ou à leur corps défendant, eux qui sont si bien organisés ?

Et quel rôle jouent les Occidentaux si prompts à acclamer quiconque se déclare démocrate ? Quel est enfin le but poursuivi par les Russes et les Chinois ?

Après une analyse des évènements et surtout de leurs tenants et aboutissants, l’examen se penchera sur les enjeux disputés par les camps en présence, avant de tenter un essai de prospective.

L’agencement des manifestations et de la guerre civile

La décolonisation du monde arabo-musulman, quelle qu’en soit sa période, dans la deuxième partie du XXème siècle, et la manière dont elle s’est produite, a conduit à la montée au pouvoir de dictatures assez souvent issues et soutenues par la société militaire.

A cela, rien de bien étonnant, en ce sens que la fonction militaire a toujours été un système de promotion sociale, assurant la formation d’une élite. S’y attachait aussi le prestige de la fonction héritée du système de gouvernance de la colonisation. En outre, dernier argument et non des moindres la fonction militaire disposait de la force des armes, argument non négligeable dans des sociétés ou « la raison du plus fort est toujours la meilleure », comme l’écrivait au XVIIème siècle, Jean de la Fontaine, paraphrasant la sagesse des nations. Monsieur de la Fontaine, tout perspicace qu’il fut, n’en était pas pour autant un apôtre de la démocratie. La bourgeoisie arabe, répugnant aux rigueurs de la vie militaire, plongeait plutôt dans l’affairisme et s’accommodait de la religiosité wahhabite. Faute de pétrole, cette bourgeoisie s’occupait volontiers d’import-export. Elle ne faisait pas bien attention à la montée en puissance d’une classe de jeunes diplômés, bien souvent issus de la petite bourgeoisie commerçante, des enfants de boutiquiers, parfois diplômés des universités occidentales, et ne trouvant pas de débouchés à la hauteur des qualifications obtenues, de retour au pays natal. Le niveau culturel s’élevant s’une manière générale, cette classe de jeunes diplômés trouvait une audience accrue auprès des masses toujours aussi appauvries ou à l’écart du pouvoir dans les pétromonarchies, pour des raisons touchant à la religion sunnite dominante.

Ce sont ces jeunes diplômés qui fourniront l’encadrement des manifestations réclamant un système démocratique qui leur permettrait d’accéder à des postes de responsabilité.

A la longue, les systèmes sociopolitiques militaires, minés par la corruption et le népotisme qui s’additionnaient à la méconnaissance d’une gouvernance efficace, sont en butte aux minorités éclairées, se réclamant d’une démocratie parlementaire à la mode occidentale. Les mouvements fondamentalistes islamistes représentent un facteur supplémentaire d’opposition, mais qui sera surpris par l’explosion démocratique. Cela ne les empêchera pas d’exploiter le mouvement grâce à leur organisation, alors que les insurgés démocrates sont peu organisés et se complaisent plus dans des parlotes que dans des projets construits.

Les différentes administrations américaines, au fil des décennies, ne sont pas innocentes par leur interventionnisme en tant que causalité dans ce fiasco généralisé.

En réaction, un nationalisme arabe, que l’on aurait tort de sous-évaluer, prend corps pour se combiner avec un islamisme militant, afin de lui donner un ordonnancement socio-politique.

Le phénomène est commun à l’ensemble du monde arabo-musulman. C’est donc en toute logique que les troubles éclatent, à quelques jours près, dans l’ensemble de ce monde arabo-musulman.

La Syrie ne dépareille absolument pas la Libye et les autres Etats lorsque des manifestations de masse éclatent les 15 et 16 mars 2011. Elles sont violemment réprimées, tout autant qu’en Libye et qu’en Egypte. Cependant, elles se poursuivent, tandis qu’à la différence de la Tunisie ou de l’Egypte, le pouvoir en place maintient sa position dirigeante et n’accède à aucun compromis. Bien plus, il se refuse à toute ébauche de négociation.

Les manifestations dégénèrent en heurts de plus en plus violents pour aboutir à une véritable guerre civile.

Les camps en présence au sein de la société syrienne

La Syrie, en 2012, compte quelque 22 millions d’habitants qui se répartissent en ethnies qui se subdivisent en clans, et en religions, formant autant de lignes de clivage, voire d’affrontement historique. Une majorité écrasante de la population, de l’ordre de 89 %, est représentée par les Arabes, tandis que la minorité kurde forme 8 % et est complétée par une encore plus petite minorité de Turcomans, quelque 3 %. A ces divisions ethniques, somme toute peu importantes, se surajoute un morcellement religieux autrement plus conséquent. Les musulmans sunnites sont majoritaires, à raison de 75 %, mais faiblement représentés dans les cercles gouvernementaux, essentiellement aux mains de la minorité alaouite, 12 %, soutenue par les minorités chrétiennes, 10 % et druze 3 %. Les Alaouites se réclament d’une hétérodoxie chiite, ce qui les rend plus proches des chiites iraniens que des musulmans sunnites. Ceux-ci considèrent les Alaouites comme des apostats, faisant l’objet d’une fatwa datant du XIVème siècle, prononcée par le jurisconsulte salafiste Ibn Taymiyya. La fatwa est toujours en vigueur et rappelée épisodiquement. Ils sont opposés à la minorité que constituent les Druzes, certes musulmans sunnites, mais pas arabes, ce qui offre un sujet de mésentente assez profond avec les insurgés arabes sunnites majoritaires.

Le Baath, parti socialisant qui se veut laïque, fondé par le chrétien Michel Aflak en 1953, est au pouvoir en Syrie depuis 1963. La branche la plus socialisante et la plus laïque forme le gouvernement sous la direction de Bachar el-Assad. Le gouvernement syrien, en accord avec Téhéran soutien ouvertement le Hesbollah et le Djihad islamique au Liban ainsi que le Hamas en Palestine. A rappeler que la branche droite du Baath était dirigée par Saddam Hussein en Irak. Le Baath, dans les années 1980, eut à lutter contre une très forte agitation menée par les Frères musulmans, agitation s’apparentant souvent à du terrorisme et à des émeutes. C’est ainsi qu’en 1980, un détachement de Frères musulmans, après s’être rendu maître de l’Ecole des Cadets de l’Armée de terre, a soigneusement fait le tri des sunnites et des Alaouites pour abattre 80 alaouites. A titre de représailles, les Alaouites, en 1982, ont massacré quelque 1500 Frères musulmans à Hama, le fief de la Confrérie. L’agitation interethnique ne date pas de 2011 !

Le Baath, en professant sa laïcité, prétendait comme en Irak dépasser les clivages ethniques et religieux. Il a toujours clairement affiché son totalitarisme. Son existence explique l’union des minorités, y compris chrétiennes en Syrie. Les chrétiens trouvent, en effet, une tolérance auprès des Alaouites baathistes que ne leur manifestent pas les musulmans sunnites. Pour une très large part, l’option baathiste, déjà reprochée en son temps à Saddam Hussein, explique l’hostilité que vouent les Américains au régime de Damas qui, en outre, par son soutien actif à des mouvements terroristes, s’est positionné à l’encontre des Occidentaux et des Israéliens. Pour faire bonne mesure, Damas a tenté ou a été soupçonné à juste titre, de chercher à obtenir l’arme nucléaire.

Cet ensemble de facteurs démêle l’ensemble des raisons qui conduisent les revendications des démocrates syriens qui se recrutent très majoritairement parmi les musulmans sunnites. C’est ce même sunnisme qui rapproche le Qatar et plus généralement la Ligue arabe de la bourgeoisie démocrate syrienne révoltée. C’est encore ce sunnisme et la haine du Baath alaouite qui amènent les Frères musulmans et les fondamentalistes islamistes à rejoindre les démocrates. Très naturellement, ces fondamentalistes reçoivent l’appui du fondamentalisme turc au pouvoir qui font profession de modération.

La concorde ne règne pas plus au sein de l’insurrection. Les Druzes minoritaires, après une démarche vaine à Washington en avril 2012, se sont joints à d’autres opposants pour chasser le président Bourhan Gaboun du Conseil national syrien, accusé d’être inféodé totalement à la Confrérie des Frères musulmans. Il a naturellement été remplacé par un Kurde, artisan de sa démission, qui s’est empressé de faire allégeance aux Américains et surtout aux financiers saoudiens et qataris.

Les Occidentaux, très logiquement, se trouvent en accord avec les révoltés démocrates.

Les interventions étrangères et les véritables enjeux

Les Occidentaux affichent à l’égard des démocrates syriens la même sympathie qu’à l’égard des tenants du Printemps arabe. Cependant, la situation les conduit à manifester une prudence qui ne les animait guère lors de l’intervention en Libye. C’est cette même intervention qui, par la suite, les a échaudés. La Libye est en proie au chaos. Les factions armées conservent leur armement. Le fondamentalisme islamiste a pignon sur rue tout comme en Tunisie et en Egypte. Ce n’était pas le but poursuivi. Pour une part, les Occidentaux se sentent bernés.

Dans les capitales européennes comme à Washington, une intervention militaire est hors de question sans la justification d’un mandat en bonne et due forme du Conseil de sécurité de l’ONU. Or, trois tentatives d’obtenir ce mandat, en octobre et décembre 2011, ainsi qu’en juillet 2012, se sont heurtées au veto sans ambages des Russes et des Chinois.

Intervient au premier chef la finalité poursuivie par les Occidentaux et l’enjeu que représente pour les Occidentaux un changement du régime syrien.

Tout comme en Libye, les Occidentaux proclament hautement une politique de soutien aux insurgés démocrates. Ils se font les champions des droits de l’homme. C’est à ce titre qu’ils sont intervenus militairement, en premier lieu pour faire cesser les attaques des gouvernementaux libyens à l’égard des populations civiles, en second lieu pour amener le renversement du régime tyrannique de Kadhafi. D’aucuns, cependant, ont cru percevoir dans le renversement du régime de Kadhafi des relents de pétrole.

Les motivations occidentales affirmées à l’égard des insurgés syriens sont semblables à celles qui prévalaient en Libye. Et il est parfaitement exact que le régime de Bachar el-Assad est totalitaire et n’hésite pas à faire preuve de la plus extrême brutalité dans la répression de ce qui est devenu une insurrection armée. Les forces armées syriennes ne reculent pas devant des frappes aveugles, s’en prenant indistinctement aux populations civiles et aux insurgés, au prétexte pas toujours justifié que les insurgés s’abritent et se fondent au sein des populations civiles.

Les gouvernementaux, par ailleurs, utilisent une milice les chabbiba, qui est accusée à juste titre de pratiquer des massacres aveugles.

En revanche, les insurgés ne sont pas en reste et pratiquent allègrement le terrorisme et les exécutions sommaires. Ils prétendent s’en prendre aux miliciens gouvernementaux pour se livrer au pillage. Des bandes se décorent de la bannière de l’un ou l’autre camp, au gré des circonstances, pour exercer les pires déprédations. Les deux camps font assaut de barbarie, ce qui est le lot commun des guerres civiles.

Les motivations occidentales ne sont pas uniquement morales et humanitaires. S’y mêlent des préoccupations politiques. La chute du régime de Bachat el-Assad et son remplacement par un système répondant à des normes conformes aux vues des Occidentaux et surtout de Washington, ferait perdre aux Iraniens leur seul allié au Moyen-Orient. Ils seraient alors isolés. Des organisations comme le Hezbollah auraient bien du mal à survivre. La chute du régime de Bachar el-Assad résoudrait la lancinante question d’une intervention militaire contre l’Iran, intervention à laquelle poussent les Israéliens. On pourrait espérer que s’effondrerait de lui-même le régime des Ayatollah, totalement isolé sur la scène moyen-orientale et ne disposant plus que de l’appui trop lointain des Russes et des Chinois.

Dans leur construction, les Occidentaux s’appuyant sur les Turcs, ont favorisé la constitution d’une Armée Syrienne de Libération (ASL) dont les bases arrières ont été organisée en territoire turc. Cette armée, aux contours indistincts, recrute ses effectifs parmi des volontaires, des sunnites et des déserteurs des forces gouvernementales, en assez grand nombre. Les Frères musulmans y pratiquent un entrisme visant le noyautage. Si cette force se révèle incapable de mener des opérations réglées, en revanche, elle excelle dans la guérilla et les combats de rue.

Les Frères musulmans sont parvenus à se saisir du quart des sièges d’un Conseil National Syrien (CNS), embryon d’un gouvernement provisoire que les Français promettent de reconnaître pour peu qu’il ait une consistance un peu plus forte. Le CNS, d’abord implanté en Turquie, sous l’égide protectrice de l’AKP turc, proche des fondamentalistes, a pu émigrer dans le nord de la Syrie pour y tenir des assises improvisées et épisodiques en territoire national donc, ce qui lui confère une part de légitimité.

La Ligue arabe, poussée par le Qatar et dans une moindre mesure par l’Arabie Saoudite, en accord avec les Occidentaux, est arrivée à tenir sur ses fonts baptismaux, le 24 février 2012, un organisme fort de soixante-dix représentants : « Les amis du peuple syrien » (APS). L’APS est chargé de réunir des fonds et de l’armement au profit du CNS, à charge pour lui d’alimenter l’insurrection et l’ASL en armement. Au passage, cela permet à divers chefs claniques de profiter de la manne.

Cette organisation parfaite en théorie nage dans la pratique, dans une confusion certaine.

Les Occidentaux répugnent à engager directement leurs forces armées. D’aucuns parmi les analystes, ont souligné la puissance de l’armée syrienne, qu’il ne faudrait pas exagérer à la simple lecture d’un potentiel . Certes, les forces syriennes alignent quelque 500 avions de combat, d’origine russe, plus que la France ! Cependant, il y a lieu de souligner que les pilotes syriens disposent au mieux de 70 heures de vol par an pour leur entrainement. A titre indicatif, les Français estiment à 180 heures de vol par an, la nécessité d’un entrainement efficace. Or, la valeur d’une armée de l’air est certes dans la qualité des moyens mais aussi du personnel. La maintenance des avions syriens est aussi médiocre. C’est cet ensemble qui explique l’incapacité des gouvernementaux syriens à organiser des raids aériens massifs. A la vérité, c’est le maintient en condition opérationnelle de l’ensemble des matériels de l’armée syrienne qui laisse à désirer.

Comparaison n’est pas raison, mais l’ASL ne dispose pas d’aviation, ses forces sont improvisées. Elle se heurte à une armée organisée, peut-être mal, mais l’ASL représente plus des bandes que des troupes disciplinées. Elle manque totalement d’armement lourd et la motivation de ses troupes est celle de déserteurs et de Frères musulmans, plus aptes au terrorisme qu’au combat rangé.

Pour s’engager, les Américains pourraient se soustraire à un mandat onusien. Ils s’en étaient bien affranchis en 2003, lors de leur invasion de l’Irak. Or, cela ne correspond plus à la stratégie que leur dicte leurs nouveaux concepts inspirés par leur « smart défense, la défense habile ». Ils sont partisans du concept du « leading from behind, la direction à partir de l’arrière ». A Washington, après les déconvenues irakiennes et afghanes, les stratèges repoussent toute aspiration aventuriste. Cette direction à partir de l’arrière a prévalu lors de l’intervention en Libye en 2011. Les Américains laissent à leurs alliés le soin de monter en ligne sous leur commandement.

Les Russes et les Chinois sont déçus par les péripéties de l’épisode libyen. Ils avaient bien observé que la tentative française de placer l’intervention sous une égide européenne, ainsi que réalisée à l’horizon du 17 mars 2011, faisait fiasco dix jours après. Les Français cédant aux Britanniques, se rangèrent sous la bannière de l’OTAN, de fait des Américains qui, eux-mêmes, cessèrent d’engager leurs forces en conformité avec leur concept de leading from behind. Par ailleurs, dès l’origine, les Allemands avaient fait défection.

Le mandat du Conseil de sécurité n’avait été obtenu qu’en bénéficiant de l’abstention des Russes et des Chinois. Ceux-ci estimèrent que la coalition outrepassait le mandat en recherchant la chute de Kadhafi, au lieu de s’en tenir aux considérants humanitaires. Russes et Chinois, au nom des BRICS, groupement formé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, le 1er juin 2009, proposèrent leur médiation, dans le conflit libyen. La coalition rejeta la proposition de médiation le 14 avril 2011. Finalement, les Russes et les Chinois eurent le sentiment d’avoir été manipulés par les Américains et surent s’en souvenir.

La position des Russes et des Chinois s’explique ainsi mieux en regard du précédent libyen. Par ailleurs, les Chinois et les Russes affichent en constante de leur politique le refus de tout interventionnisme. En effet, ils ont eu à maintes reprises à se défendre contre un interventionnisme des Occidentaux leur reprochant de violer les droits de l’homme et du citoyen. Ils y voient des artifices de propagande qui se retournent contre eux. En effet, l’une des caractéristiques des régimes chinois et russes est de ne pas favoriser le parlementarisme.

Plus concrètement, ils décèlent, au sein de l’insurrection syrienne, une mainmise des islamistes, sous la couverture des Frères musulmans dont le mode d’action préférentiel est le terrorisme. Or, Russes et Chinois ont à faire face au fondamentalisme islamiste, aussi bien en Tchétchénie qu’au Xinjiang contre la minorité ouighour. Russes et Chinois ne sont pas en peine de relever les soutiens divers que les pétromonarchies ont dispensés à leurs adversaires islamistes. A cet effet, ils ont beau jeu de souligner le marché de dupes que jouent les Occidentaux en soutenant une insurrection infiltrée par des terroristes avec lesquels ils sont en lutte en Afghanistan.

Un autre type d’éléments alimente la politique des Russes et des Chinois et explique sa convergence. Moscou et Pékin soutiennent le régime de Bachar el-Assad pour des motifs très tangibles. Ce régime fournit aux Russes la disposition du port de Tartous qui est leur seule base navale, notamment pour leurs sous-marins, en Méditerranée. Dans un avenir à court terme, en accord avec les Russes, Tartous pourrait aussi servir de base navale à la marine chinoise.

Les Chinois importent 7 % de leur pétrole d’Iran. Pas plus que les Russes, ils ne souhaitent un Iran isolé, par suite de la défection syrienne, et en proie à des troubles. Le régime des Ayatollah n’a rien intrinsèquement pour entrainer leur sympathie. Ils lui sont indifférents. En revanche, l’existence d’un Iran opposé aux Occidentaux est conforme à leur politique. Dans le cas contraire, ce serait l’ensemble du Moyen-Orient qui tomberait sous l’influence des Américains ou des Islamistes, en somme, la peste et le choléra !

Les forces armées syriennes sont équipées par les Russes, de même que les forces armées iraniennes. La Syrie et l’Iran représentent pour Moscou et Pékin, les seuls bastions qui leur restent au Proche et au Moyen-Orient.

Les Russes ne sont pas attachés à la personne de Bachar el-Assad. C’est ce qui les a amenés à nouer une négociation avec Abdelaziz Al-Khayer, dirigeant d’une faction syrienne socialisante. Cela n’a pas échappé à la police du Baath qui a procédé à son élimination, par son arrestation. Cela n’a pas été sans provoquer des incriminations des gouvernementaux syriens à l’égard des Russes et des Chinois. Cependant, beaucoup plus grave pour Bachar el-Assad, le clan Al-Khayer est entré en insurrection dans les premières journées d’octobre 2012. C’est la mise à jour d’une scission au sein des Alaouites, ce qui n’a rien d’anormal dans un pays ravagé par les luttes claniques que veulent masquer des affrontements idéologiques.

L’alliance des Russes et des Chinois avec les gouvernementaux syriens est circonstancielle, provoquée par une convergence étroite d’intérêts. La divergence due à la défection du clan Al-Khayer est une péripétie. Elle donnera à réfléchir tant à Moscou qu’à Pékin.

Cette alliance a le mérite d’être claire, tant dans ses modalités que dans ses objectifs. Il est difficile d’en affirmer autant à l’égard des Occidentaux au profit de l’insurrection.

*

* *

Les droits de l’homme sont autant bafoués par les gouvernementaux que par les insurgés. Délivrer un brevet d’humanisme à l’un ou l’autre des camps est une occultation volontaire opérée par des jeux médiatiques. La politique russe anti-occidentale n’a rien d’une nouveauté au Moyen-Orient. En revanche, la position chinoise est le premier élément d’une opposition frontale. Il ne fait que préfigurer un affrontement sino-américain plus ample. L’une des traductions de cet affrontement est un conflit armé par factions interposées.

Au début d’octobre 2012, il y a eu échange de tir entre gouvernementaux syriens et turcs. Les Syriens ont appliqué des tirs de mortier sur des insurgés implantés en territoire turc et ont « égaré »disent-ils leurs tirs. De fait, ils ont commis des erreurs de pointage, ce qui fait douter de la dextérité des artilleurs. Les Turcs ont répondu, faisant aussi des victimes, saisissant leur parlement de la nécessité d’une riposte et d’une saisie de l’OTAN, dont ils sont membres. Il s’agit d’une tentative d’amener une intervention militaire sous une égide quelconque, l’OTAN faute de l’ONU. Il est évident que les Américains rechigneront à céder à la démarche que les Russes et les Chinois taxeront de provocation. En outre, les Turcs pousseront leurs pions, c’est-à-dire l’installation d’un gouvernement islamiste, certes modéré, mais islamiste quand même.

La seule solution qui semble ressortir du drame syrien est celle qu’apporte la voix des armes. En effet, les Russes et les Chinois abandonneront Bachar el-Assad peut-être en tant que personnage, qui leur est indifférent, mais pas son régime. Ils soutiendront tout régime anti-occidental qui est le bastion avancé, et le dernier, de l’Iran, sous peine d’être chassés du Moyen-Orient. De même, l’Iran, le véritable enjeu de l’insurrection syrienne, n’intéresse les Russes et les Chinois qu’en tant que forteresse anti-occidentale. Que l’Iran ait ou non une capacité nucléaire ne les émeut pas ! Ils sont persuadés du caractère inéluctable de la prolifération tant en matière nucléaire que de missiles.

En revanche, pour eux, que la Syrie et l’Iran deviennent des fiefs occidentaux, sont des revers durs à supporter, presque inadmissibles. C’est pourquoi, en Syrie, le canon tranchera. Il sera peut-être turc !

L’insurrection syrienne a chassé le conflit israélo-palestinien de la scène aussi bien médiatique que des instances internationales. L’un chasse l’autre et vice-versa. La zone n’est pas promise au calme.

 

 

Article paru dans la revue "Défense Nationale".

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 14:00

Depuis avril 2012, le Mali est en proie à une lutte interne, dérivée de celle, sempiternelle, opposant les Touaregs, nordistes et nomades, aux peuples noirs, sudistes et sédentaires. Cela pourrait n’être que l’éternelle réédition du conflit latent entre pasteurs et sédentaires et cela l’est, mais s’y mêlent en plus, pour l’amplifier, des affrontements religieux, sociaux et politiques. Les Touaregs renforcés par des éléments venus de Libye font profession d’islamisme fondamentaliste, se réclament d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), font sécession et règnent par une terreur sanguinaire appliquée brutalement au nom d’une charia interprétée sans discernement. Leurs antagonistes, des populations noires, chrétiennes ou animistes, les bravent passivement, sous la direction nominale d’un gouvernement amorphe, en mal de légitimité qui plus est. En effet, en mars 2012, au mépris de toute démocratie, le Mali a connu un coup d’Etat militaire portant au pouvoir une junte, ce qui a amené les Français à rompre toute relation avec elle et à interrompre leur aide. Dans la même logique, Le Mali a rejoint la Guinée-Bissau et Madagascar dans la suspension de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ce qui avait une certaine importance dans la perspective du congrès et de la menace islamiste.

La problématique qu’offre la contagion islamiste au Mali et la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

Si, en Afrique du Nord, les fondamentalistes islamistes affectent une modération de bon aloi, en Afrique subsaharienne, et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest, ils tentent d’asseoir leur emprise par la pratique d’un terrorisme basée sur des attentats ciblés ou aveugles et par des prises d’otages. Cependant, c’est au nord du Mali, au Sahel, qu’AQMI a réussi à s’implanter en tant que telle pour fonder l’amorce d’une organisation territoriale et gouvernementale. AQMI ne cache absolument son ambition d’une extension par la force appuyée sur la terreur.

Le Mali représente ainsi le premier domino d’une longue suite dressée en file, figurant l’Afrique subsaharienne dans son ensemble et, par delà, le monde arabo-musulman. La chute du premier domino entraînera l’effondrement successif de la file.

La menace est clairement perçue par les Occidentaux, les premiers visés, et encore plus par les Français, dont l’Afrique de l’Ouest représentait longtemps une position prépondérante et reste encore soumise à leur influence, ne serait-ce qu’au titre de la francophonie.

Après de longues tergiversations et d’obscures palabres, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) a adopté, à l’unanimité, le 12 octobre 2012, une résolution enjoignant aux acteurs régionaux, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA) en liaison avec le Secrétariat général de l’ONU, d’élaborer un concept crédible visant à rétablir la souveraineté du Mali sur la zone Nord aux mains d’AQMI. La résolution dont la préparation a été confiée à la France qui l’a présentée le 9 octobre, ce qui se conçoit, puisqu’elle est directement intéressée en sus des responsabilités que lui a léguées l’Histoire, donne aux protagonistes désignés, quarante-cinq jours pour arrêter un concept d’opérations crédible. En somme, à moins qu’AQMI, frappée d’une terreur indicible ( !) ne défère pas à la résolution, les opérations ne sont pas prévues pour débuter avant le 1er décembre 2012.

Le plan avancé par les Français prévoit l’engagement et le déroulement de l’opération avant la saison des pluies de printemps. Le plan serait mis en œuvre par les forces maliennes à hauteur de trois ou quatre bataillons, ainsi que par les forces dépêchées par la CEDEAO.

L’opération est scindée en trois phases. La première consiste à raffermir la souveraineté malienne sur la partie sud du pays, partie théoriquement sous administration du gouvernement de Bamako. La deuxième phase se résume en la mise en œuvre opérationnelle des forces de la coalition, ce qui n’est pas une mince affaire pour qui connaît un tant soit peu l’Afrique. Quant à la troisième, la plus importante, elle comporte les opérations militaires proprement dites, opérations à mener donc avant les pluies de printemps. Cela présage, ainsi, une solution vers mars-avril 2013, au mieux.

Les Français s’engagent à fournir la logistique opérationnelle et les Américains l’appui en matière de renseignement.

On pourrait en rester là et se congratuler longuement ! Les islamistes n’ont qu’à bien se tenir ! Cependant surgissent quelques interrogations formant une problématique.

Il reste à déterminer quelle est la situation du Mali, avec ses antécédents et leurs causalités, alors que des Occidentaux avec les Français en première ligne prétendent lancer une intervention. Immédiatement surgit une interrogation : certes, bouter les islamistes hors du Mali, mais uniquement avec les forces prévues, à savoir donc des contingents fournis par les Etats subsahariens ? Le but ensuite est de rétablir la souveraineté du gouvernement qui l’a perdue. Cela représente une deuxième série d’interrogations. Faire la guerre. Certes une petite guerre, mais on en disait autant de celles qui ont duré des années et qui ont distribué des millions de morts. Alors comment intervenir ? Avec quelles forces exactement ? Quels sont les Etats de la CEDEAO volontaires pour fournir les contingents ? Et comment les Français attribueront-ils et feront parvenir leur aide aux troupes combattantes ? Et, AQMI boutée dehors, comment l’empêcher de revenir ? Quelle est la finalité ? Remettre en place les pions politiques qui ont conduit à la prise de pouvoir d’AQMI ? C’est à cette problématique esquissée rapidement qu’il s’agit de répondre.

A cet effet, après avoir rapidement esquissée la situation, géopolitique et géostratégique du Mali, l’attention sera portée sur les causalités qui ont conduit au soulèvement des Touaregs et, très précisément aux contingents armés qui sont intervenus en leur faveur. De là découle un point de situation permettant une évaluation de l’intervention projetée et surtout de son succès. L’étape finale porte sur les conditions de l’établissement d’une situation stable et de l’éradication définitive du fondamentalisme islamiste de la région.

La situation malienne et la croisade djihadiste

Le Mali est un petit pays à l’échelle de l’Afrique : grand comme trois fois la France, mais avec les deux tiers d’une superficie qui est de la savane sahélienne totalement improductive. Sa population, quelque 13 millions d’habitants est composée de Touaregs à raison de 10 % et de Peuhls de l’ordre de 5%, peuplant essentiellement la partie sahélienne, nomade par vocation, en opposition aux autres peuplements sédentaires et concentrés dans le sud. Périodiquement, les Touaregs sont en lutte aussi bien contre leur gouvernement que contre leurs voisins mauritanien et algérien.

Le restant de la population, une dizaine de millions se répartit dans le sud qui ne dépareille pas les autres régions subsahariennes.

Le Sahel, terme dont la traduction, « frontière » est significative, est un arc territorial, une région de transition, s’étendant de l’Atlantique à la mer Rouge et séparant le Sahara de la savane subsaharienne qui s’épaissit au sud. Le Sahel est ainsi d’une largeur de quelque 700 à 800 km sur une longueur de 5 à 6000 km. C’est une steppe peu habitée possédant une maigre végétation herbeuse avec prédominance d’épineux.

La désertification progresse appauvrissant d’autant une population pratiquant un pastoralisme transhumant malgré la sécheresse.

Le Mali et les Etats avoisinants, le Niger, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Sénégal, la Guinée et la Côte d’Ivoire, offrent le cas précis d’un déficit en termes d’Etat de droit mais plus simplement encore d’Etat. L’appareil étatique est en réalité absent. Les pouvoirs et devoirs régaliens ne sont pas assurés. L’Algérie diffère : il y a bien un Etat algérien, mais son déficit démocratique est bien connu. Sa formation étatique est assimilable à celle de la dictature d’un parti.

La situation de ces Etats subsahariens est due à une décolonisation trop rapide, non préparée. Le colonisateur européen a tracé les frontières au cordeau, à l’aide d’une équerre et d’une règle au congrès de Berlin en 1885, négligeant toute entité ethnique ou ensemble territorial historique. Il a abandonné le pouvoir dans les années 1960, sans laisser derrière lui une élite formée pour gouverner. Les forces armées, seules formations organisées, ont plus une vocation de pronunciamiento que de défense nationale. La corruption est un mal ancré et chronique, imprégnant profondément la mentalité des gouvernants, quels qu’ils soient, dès qu’ils parviennent au pouvoir.

Dans ce contexte de délitement généralisé de toute autorité étatique, fleurissent des groupements divers, religieux, ethniques et plus simplement mafieux. L’ensemble est entremêlé.

Le monde rural est misérable, victime de famines épisodiques. L’aide occidentale, lorsqu’elle parvient, contribue à détruire une agriculture et un élevage incapables de tout décollage sérieux.

La seule richesse est minière mais sa répartition est profondément inégalitaire. L’exploitation en est laissée à des entreprises occidentales ou chinoises qui règlent des redevances aux gouvernants en place, redevances que les gouvernants s’accaparent immanquablement construisant des fortunes scandaleuses sur la prévarication. Les populations ne bénéficient d’aucune retombée économique.

La démocratie est une caricature. L’ancien colonisé a simplement changé de maître. L’ancien était blanc et est resté souvent en arrière scène. Le nouveau est noir et se comporte souvent plus brutalement.

Les soulèvements touaregs sont épisodiques, contre les Algériens et le Marocains ou comme durant les décennies 1960 ou 1980 contre les gouvernements maliens et autres. Celle de 2012 ne dépare pas. De fait, les Touaregs vivent dans un état perpétuel de dissidence.

Les Etats sahéliens, afin de rétablir l’ordre, sollicitent la France par tradition d’un appel à une puissance tutélaire. Dans une moindre mesure, l’appel s’adresse à l’Espagne.

La rébellion targuie de 2012 diffère cependant des précédentes par l’implication d’éléments extérieurs et d’une dimension religieuse.

Cette rébellion éclate en janvier 2012, profitant de l’affaiblissement de l’Etat malien, victimes des luttes internes entre ethnies noires, luttes qui vont aboutir en mars à un coup d’Etat, un de plus. En outre, elle a été considérablement renforcée par des islamistes. Elle se produit tant au nom d’AQMI que du Mouvement de Libération National de l’Azawad (MLNA) fondé de toute pièce. AQMI apparaît très normalement, après les péripéties algériennes, en prenant au plan organisationnel la suite du Groupement Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), lui-même issu du groupement islamique algérien (GIA). Le MLNA tire son origine d’une revendication majeure targuie, la sécession du nord sahélien du Mali, l’Azawad, ainsi baptisé pour les besoins de la cause.

La chute du régime de Kadhafi en Libye en automne 2011 a jeté dans le désarroi et la dispersion plusieurs milliers d’hommes formant la force armée du dictateur déchu. Ces effectifs, désormais indésirables en Libye, même auprès des fondamentalistes, donc contraints à la fuite, se sont organisés en banes avec des chefs improvisés. C’est ainsi sans difficulté qu’ils ont été recrutés par AQMI en mal de renforcement pour mener la rébellion au Mali.

Toute proportion gardée, cette situation n’est pas sans rappeler la formation des « Baltiker » dans la région de l’ancienne Courlande au lendemain de la Première guerre mondiale. La démobilisation hâtive de l’armée allemande au lendemain immédiat de sa défaite, dans un pays en proie à la guerre civile et au chômage de masse, avait jeté sur les routes toute une population qui ne connaissait qu’une profession : la guerre. Cette population, se groupant spontanément en unités sous le commandement de condottiere improvisés trouva à s’employer contre les alliés, étatiques ou non, de l’Entente dans les provinces baltes issues de la désagrégation de l’empire russe, lui-même en proie à la guerre civile. Les Baltiker, par la suite, trouvèrent à s’employer au sein des troupes de chocs du parti nazi.

Tous éléments confondus, les effectifs des forces fondamentalistes opérant au Sahel maliens ne dépassent pas 3000 combattants. Si ce sont d’excellents combattants individuels, les islamistes formés en unités élémentaires, les Katibas sont d’exécrables manœuvriers par manque d’esprit de discipline et d’organisation. Ils n’ont aucun sens de la manœuvre et se comportent autant en bandits et détrousseurs qu’en combattants d’une quelconque idéologie. Leur puissance repose plus sur la médiocrité de leurs adversaires maliens, nigériens et autres … que sur leurs capacités.

L’armement collectif est faible, pratiquement inexistant. Aucun armement lourd. L’armement de prédilection est le pistolet mitrailleur Kalachnikov. Leur mobilité et fluidité est remarquable grâce à la possession généralisée de véhicules tous terrains, des 4x4 pick-up, qui permettent une répartition par petits groupes, des bandes plus que des katibas, agissant par coups de mains rapides et soudains.

Cette organisation subsiste malgré l’occupation territoriale du Sahel malien et la proclamation de l’indépendance de l’Azawad. Cette indépendance n’a pas donné lieu à la mise en place même d’une ébauche d’appareil étatique. On en reste à un système tribal.

Leurs revendications politiques sont assez diffuses, en dehors de leur haine viscérale des Occidentaux et de la volonté d’instaurer un Etat islamique basé sur la Charia. Inspirés de l’exemple taliban, leur rage destructrice s’est portée à l’encontre de monuments d’une valeur civilisation elle certaine à Tombouctou tombée en leurs mains. Il était reproché à ces monuments de s’adresser à une autre divinité que celle de l’Islam, sans plus préciser le reproche.

AQMI nourrit le concept d’une guerre de civilisation. C’est ce qui conduit sans plus de logique à la prétention de rançons importantes en échange d’Occidentaux enlevés, doublée d’une libération d’islamistes détenus et d’un abandon de la loi prescrivant des limitations de l’usage du voile islamique.

Fin mars, début avril 2012, un nouveau mouvement, celui pour l’Unité et le Djihad en Afrique de l’Ouest (MUDjAO), prêchant résolument la guerre sainte, rejoint la rébellion avec un demi-millier de djihadistes correctement équipés. Cela amène les effectifs de la rébellion à mobilise au plus un total de 3500 combattants dispersés sur l’ensemble du Sahel malien. La conséquence immédiate est la débandade définitive de ce qui subsistait de l’armée malienne. Les forces des Etats avoisinants ont le mérite d’exister, mais c’est leur seul mérite. Elles cèdent immédiatement face à un adversaire tant soi peu déterminé. Elles ne manquent pas de matériel mais de combativité. Elles ont minées par la corruption, le clientélisme et les luttes ethniques. Ce sont plus des éléments confortant le pouvoir en place ou celui d’une opposition politique quelconque. Cela ne les empêche absolument pas de perpétrer d’affreux massacres. Le Tchad ; à bien considérer la situation dispose des meilleurs forces armées, à vrai dire les moins médiocres.

La politique malienne de la France

La politique particulière française vis-à-vis du Mali découle de la politique générale africaine, telle qu’exprimée sans ambages par le président de la République le 13 octobre 2012 au sommet de Kinshasa de l’Organisation Internationale de La Francophonie.

Le nouveau gouvernement français, issu des élections présidentielle et législative de mai 2012, déclare vouloir en finir définitivement de la « Françafrique », ce concept bâti sur le clientélisme et l’occultation des violations aussi fortes que nombreuses faites par les potentats subsahariens. En conséquence, toute l’organisation spécifique, toute l’organisation, de nombreuses cellules installées aux ministères de la Coopération devenu celui du Développement et des Affaires étrangères comme à l’Elysée.

Le président Hollande a failli bouder, d’ailleurs, le sommet de Kinshasa, désapprouvant la politique par trop cynique du président congolais, Laurent Kabila, l’archétype du dirigeant africain violant sans vergogne les droits démocratiques les plus élémentaires de ses concitoyens. Par ailleurs, François Hollande sur place a réservé le meilleur accueil à l’opposition, sans trop s’interroger sur la réalité des bonnes intentions de cette opposition fragmentée en très grande partie selon les clivages ethniques. Son discours de la veille à Dakar n’était jamais qu’un prolégomène.

A la suite du coup d’Etat de mars 2012, le Mali a été suspendu de l’OIF, de même que la Guinée-Bissau et Madagascar, pour les mêmes motifs. Il s’agit toujours d’une prise de pouvoir par la force ou d’élections truquées sous l’œil intéressé par les prébendes des observateurs délégués par l’UA.

Nécessité faisant loi, il était impossible de laisser s’implanter au Mali un système fondamentaliste islamiste. La menace est évidente : les islamistes au pouvoir dans le Sahel malien ne tarderont pas à être supplantés par des organisations plus structurées.

L’OIF est d’ailleurs mal en point. Le Qatar est parvenu à se faire admettre comme membre associé de l’OIF. Sa politique se comprend : offrir un débouché à ses opposants internes islamistes dans une croisade antioccidentale. Puissent ces djihadistes encombrants être massacrés dans une lointaine Afrique.

Il a fallu se plier aux nécessités : donc organiser une intervention militaire, mais sous égide démocratique africaine et onusienne ainsi que renouer les relations diplomatiques et militaires avec la junte malienne. Cette reprise des relations revient à reconnaître la légitimité du pouvoir de la junte, en contradiction avec les intentions affichées à Dakar et à Kinsha sa.

La stratégie déployée et le rapport des forces.

Les Américains, fidèles à leur stratégie du « leading from behind » se déclarent prêts donc à diriger une intervention militaire, ainsi que prévue par la résolution onusienne mais sans engager la moindre force. Leur contribution est limitée au renseignement et à la conduite des opérations grâce à leurs moyens satellitaires et autres à partir d’une base implantée au Niger.

Après de multiples conciliabules, les Algériens se rallient à la conduite américaine. Du renseignement, des conseils, certes oui, mais pas d’engagement de la moindre force.

Bamako, aux abois, tente d’organiser une milice, en premier lieu pour s’opposer à une invasion des djihadistes dès qu’ils seront un tant soi peu organisés. La capacité guerrière de cette milice, basée à Sévaré à la frontière séparant le sud du nord, ne parvient pas à susciter la moindre illusion.

Les Français, de leur côté, ne prévoient pas d’intervention directe. Ils se sont cantonnés à déployer quelques éléments des troupes spéciales au voisinage du Mali. Leur stratégie est dictée par leur politique de non-intervention au profit d’une aide indirecte essentiellement logistique, mais aussi par la détention de cinq otages aux mains d’AQMI. Les islamistes ne se font d’ailleurs pas faute de le rappeler et ont assis leur menace de l’exécution par attentat du président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz le 13 octobre, date du sommet de la Francophonie. Aucun symbole n’est à négliger.

La stratégie à appliquer à l’adversaire islamiste découle des leçons tirées de la contre-insurrection expérimentée en Afghanistan. Les Américains redécouvrent ce que les Français ont éprouvé et médit à la suite des campagnes d’Indochine et d’Algérie. Par ailleurs, ils connaissent bien le théâtre d’opérations en héritage de leur passé colonial

En premier lieu, il s’agit de couper l’insurrection des ses bases de soutien par des opérations mobiles montées sur renseignements. La surveillance permanente de la zone est réalisable par un réseau satellitaire et par drone sans négliger l’apport humain. Une action décisive est à conduire pour couper les insurgés de la population, leur principale force de soutien, difficile à contrôler car elle se compose essentiellement de nomades transhumants.

Les technologies de l’information doivent permettre cependant de suivre sans erreur la situation tactique, toute mouvante qu’elle soit, et de conduire donc avec succès des opérations aéroterrestres. Le déroulement tactique de l’opération répond au schéma tactique classique qui consiste à détecter l’ennemi sans qu’il perçoive cette détection, puis le fixer et l’anéantir par assaut.

Le bât blesse en prospective dès qu’il est question de passer de la théorie à la pratique, de l’idée de manœuvre à son application.

En effet, il n’est pas sérieux d’escompter sérieusement que les miliciens implantés à Sévaré puissent être organisés en quatre à cinq bataillons réellement opérationnels ce qui représente les effectifs nécessaires à la conduite des opérations.

En outre les frontières de fait n’existent pas. Le passage dans les deux sens se fait sans aucun problème au point qu’il est même parfaitement impossible de trouver une trace matérielle sur le terrain tout au long de la frontière. Rien ne distingue les insurgés islamistes des nomades transhumants. Il leur est loisible de se fondre dans la population et de parer les risque de dénonciation par la pratique d’une terreur généralisée et implacable.

L’acquisition d’armement est extrêmement facile. Un pistolet mitrailleur Kalachnikov vaut 1500 dollars et une cartouche 2 dollars sur le marché. Les véhicules tout terrain s’achètent sans difficulté dans le commerce. L’accumulation des rançons, à elle seule, fournit très largement le financement.

Le constat impitoyable conduit à une solution tout aussi inexorable. Les Français se doivent d’envoyer au Mali un corps expéditionnaire chargé d’intervenir au sol. Cette solution s’impose d’autant plus que la résolution onusienne a fixé des délais précis. Les délais exigent d’être respectés sous peine d’offrir une victoire à l’islamisme. La menace que présente la prise d’otages ne peut être parée que par le refus absolu de toute négociation et par une chasse redoublée des insurgés et de ceux qui les aident. L’exemple israélien est patent : l’Etat hébreu n’est pas en butte à des prises d’otages, même par des adversaires aussi résolus que le hezbollah puisqu’il est de notoriété qu’il ne cède pas. Et non seulement, il se refuse à toute négociation mais applique, si nécessaire, des représailles ciblées.

La guerre doit être menée impérativement sur renseignement en épargnant rigoureusement les populations innocentes¸ en comprenant bien que leur complicité est le résultat de la terreur. Y répondre par une même terreur est tomber dans le piège adverse.

L’élément central de la contre-insurrection est sa conclusion. L’impératif est dans l’exigence d’une application réelle du programme politique défini par le président de la République au XIVème sommet de la Francophonie sous peine de la reproduction à l’identique d’une nouvelle insurrection islamiste : les mêmes causes produisant les mêmes effets.

Les troupes d’intervention prévoient leur évacuation progressive mais rapide dès la victoire obtenue, accompagnée d’une rétrocession des responsabilités aux forces maliennes. Ces forces doivent être préparées, éduquées et instruites patiemment avant d’être engagées.

La réalité de la menace islamiste au Mali est cruelle. Seule la force peut empêcher la chute du domino malien. En revanche, cette force doit être intelligente et ne pas excéder ses capacités. Elle prépare un chemin politique, retrouvant la pensée de Clausewitz : la guerre est moyen, rien de plus, mais nécessaire face à l’emploi de la force.

L’intervention de troupes françaises au Mali est indispensable pour pallier la défection des forces armées maliennes et de la démocratie au Mali.

Cette intervention bien calculée est aussi indispensable sous commandement tactique, stratégique et politique français. Il est hors de question d’accepter le concept américain de la direction de l’arrière, sans engagement de force, de craint d’un enlisement supplémentaire. En revanche, la conduite stratégique à partir de l’arrière permet de bloquer la chute du premier domino entraînant la suite fatale. Ainsi est consolidée et frayée la voie à la mainmise sur le pétrole du Golfe de Guinée par les majors américaines. A cet effet, il suffit de fixer l’abcès malien. Le guérir est sans intérêt : il suffit d’interdire la propagation de la contagion, au prix de troubles certes permanents mais circonscrits. Les chances d’une telle stratégie restent à être évaluées. Elles paraissent faibles !

Il appartient à la France de prendre la mesure de sa responsabilité. En cas d’échec de la transformation du Mali en un Etat réellement démocratique, de droit, laïc et paisible, c’est l’ensemble de la Francophonie qui vire à un effondrement programmé à partir de la chute de l’Afrique francophone subsaharienne.

Laisser faire les Américains revient au même échec avec les mêmes conséquences ainsi que le prouvent les péripéties irakienne et afghane.

 

 Article paru dans le revue "Défense nationale". 
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16 novembre 2013 6 16 /11 /novembre /2013 12:23

Pour finir le cycle de cette année, j’ai le plaisir de vous inviter à un dîner-débat autour de mon livre

 

L’Oncle Sam et le Mandarin

qui vient de paraître aux éditions NUVIS

le jeudi 19 décembre 2013 à 20h

au Club de la France Libre 59 rue Vergniaud – 75013 Paris (plan disponible sur demande)

 

 

La Chine fait partie des pays émergents. Son ambition est d’accéder à une puissance internationale après avoir atteint un statut régional, mais là, elle se heurte aux Etats-Unis qui ont changé de stratégie, abandonnant l’Europe et même, d’une certaine façon, le Moyen-Orient pour se concentrer sur l’Extrême-Orient où ils déploient le maximum de forces. L’adage qui veut qu’on ne puisse pas mettre deux crocodiles dans le même marigot se confirme. La course aux armements a recommencé, notamment dans les domaines du bouclier antimissile et de la cyberguerre. L’Oncle Sam et le Mandarin n’ont pas fini de se battre, directement par leur économie, indirectement par ennemis et amis interposés.

 

Je vous remercie de me renvoyer rapidement le coupon ci-dessous accompagné d’un chèque de :

  • 35 €uro pour les adhérents à DÉMOCRATIES, à jour de leur cotisation 2013

  • 40 €uro par personne pour les non adhérents.

 

Bien amicalement,

Henri PARIS

 

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NOM : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

 

Tel 1 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - et/ou courriel :

 

s’inscrit au diner-débat du 19 décembre avec Henri Paris

 

Ci-joint un chèque de __ __ __ __ €uros à l’ordre de DÉMOCRATIES

1 Ce N° de téléphone et/ou ce mail sont indispensables pour communiquer avec vous en cas de besoin. Mais n’ayez aucune inquiétude, ils ne seront jamais transmis à quiconque, sans votre autorisation expresse.

 

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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 20:16

 

Colloque au Palais du Luxembourg – Salle Clemenceau

15terrue de Vaugirard – 75 006 Paris

 

 

samedi 30 novembre 2013

 

9h : Accueil.

9h15 précises : Ouverture du colloque par Alain RICHARD, ancien ministre de la Défense, sénateur des Yvelines.

 

9h45 - 12h45 : les enjeux d’un système antimissile. Président de séance : général (2S) Pierre-Henri MATHE, ancien commandant des forces nucléaires de l’armée de l’air.

-Les systèmes ABM dans une perspective historique : entre rêve technologique et suprématie stratégique, Philippe WODKA-GALLIEN,Institut français d’analyse stratégique.

- Bouclier antimissile et dissuasion, complément ou antinomie ? Louis GAUTIER, conseiller-maître à la Cour des Comptes, professeur de Sciences politique à Paris I.

- Dans un monde multipolaire, quels sont les missiles qui menacent qui ? colonel (er) Alain CORVEZ, consultant en stratégie internationale.

- La vision franco-américaine de la DAMB au sein de l’OTAN, Philippe DUHAMEL, président directeur général de Thales Raytheon Systems.

- Une vision américaine de la défense antimissile, Steven R. EKOVICH, Université américaine de Paris.

- Aspects politiques et stratégiques de la Défense antimissile en Europe, Detlef PUHL, conseiller spécial auprès du Secrétaire général adjoint, chargé de la division défis de sécurité émergents pour les questions de communication à l’OTAN.

 

12h45 - 14h30 : déjeuner au Restaurant du Sénat



14h30 - 16h45 : La défense antimissile, une nouvelle dimension stratégique. Président de séance : Renaud BELLAIS, chercheur associé à l’Ecole nationale supérieure de techniques avancées (ENSTA Bretagne).

- La DAMB : un dossier politique, des enjeux industriels, Véronique CHAM-MEILHAC, directeur Défense aérienne élargie/ Défense Antimissile balistique à MBDA-France.

- L’aspect industriel de la défense antimissile en France et en Europe, vice-amiral (2S) Bertrand PASTRÉ, conseiller défense auprès de la société Astrium.

- Pour une capacité opérationnelle mesurée et des briques technologiques pour le futur, Luc DINI, directeur Business Development Missile Defense, Thales Air Systems et co-président de la conférence internationale missile défense, Association aéronautique et astronautique de France (3AF).

- La défense antimissile, comment concilier autonomie et coopération ? général (2S) Jean RANNOU,membre d’Eurodéfense-France.

- Une vision politique de la défense antimissile en Europe, Jacques MYARD, député des Yvelines, membre de la Commission des Affaires étrangères et de la commission des Affaires européennes, vice-président de la Délégation parlementaire au renseignement, président du Cercle Nation et République.



16h45 : Conclusion par le général (2S) Henri PARIS, président de DEMOCRATIES.

 

 

L’inscription préalable est obligatoire. Merci de bien vouloir envoyer à l'adresse ci-dessus le coupon-réponse ci-dessous, avant le 25 novembre. Il est demandé aux personnes intéressées par ce colloque et qui ne sont pas adhérentes à DÉMOCRATIES, une participation aux frais de 10 € (gratuit pour les étudiants et les chômeurs), augmentée de 15 € si elles souhaitent recevoir les actes. Pour les membres de DÉMOCRATIES à jour de leur cotisation 2013, la participation au colloque est gratuite et les actes sont à 10 €. Le prix du repas est lui aussi différencié entre adhérents et non adhérents. Aucune perception de recette n’étant tolérée dans l’enceinte du Palais du Luxembourg, merci d’envoyer votre règlement avec le coupon-réponse.

inscription uniquement par courrier.

 

Attention ! Le stationnement est interdit à l’intérieur du Palais du Luxembourg. Il est recommandé de laisser son véhicule aux parkings publics situés place Saint Sulpice ou rue Soufflot.

 

Pour accéder au Palais du Luxembourg, présenter le programme ainsi qu’une pièce d’identité.

 

 

 

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REPONSE à envoyer, très rapidement, à DÉMOCRATIESaprès avoir coché les 0 correspondantes

22 Avenue Eugénie - 92 700 Colombes

 

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Tel : ... ... ... ... ... ... ... .. .. .. ... Courriel :                         @

 



Entrée libre

0 Souhaite recevoir les actes du colloque : - 15 € pour les non-cotisants

- 10 € pour les membres de DÉMOCRATIES

0 S'inscrit pour le déjeuner : - 42 € par personne, pour les adhérents

- 46 € par personne, pour les non-adhérents

0 Envoie sa cotisation au titre de 2013 (60 € souhaités; un reçu fiscal vous sera envoyé,

cotisation valable pour 2014)

0 Ci-joint un chèque de ............. €uros à l'ordre de DÉMOCRATIES

pour : 

 

le déjeuner, 0

  les actes, 0

   la cotisation 0.

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